4e Décompression est une œuvre en trois temps, un triptyque où la matière, le geste et le silence dialoguent dans une tension palpable. Cette composition s’impose comme une respiration fracturée, une onde figée, où chaque panneau raconte une étape d’un processus de libération — physique, mentale, presque organique.
Le triptyque est construit comme une séquence :
À gauche, les formes se dissolvent dans un flou mouvementé, presque liquide, traversé de lignes noires en éclats.
Le panneau central condense l’énergie : la matière est plus épaisse, les textures denses, le geste appuyé, presque sauvage.
À droite, l’intensité se relâche, mais la trace du combat demeure : griffures, projections, stries, marques persistantes.
La palette, résolument monochrome, oscille entre blancs froids, gris acier et noirs profonds, avec des zones de contraste saisissantes. Les éclats de lumière apparaissent comme des respirations dans un paysage saturé.
Le travail de la matière est ici au cœur du propos.
Joël Sauvage sculpte littéralement la surface, la lacère, la frappe, l’étire. Chaque section du triptyque porte la marque du geste : nervosité, tension, relâchement. Des coulures, des projections, des empâtements épais créent une surface vivante, chargée, vibrante.
On y devine une tension entre instinct brut et composition rigoureuse, entre lâcher-prise et contrôle du chaos.
Ce triptyque pourrait être lu comme une chronologie émotionnelle.
Il parle de pression intérieure, de fracture, de libération progressive.
C’est un tableau qui évoque un paysage mental, une zone de turbulence où le corps et l’esprit cherchent à se délester, à souffler, à renaître dans la matière.
C‘est une œuvre puissante, dense et radicalement contemporaine.
Elle ne se donne pas immédiatement, mais elle vibre, appelle, absorbe.
Un triptyque qui capte le moment suspendu entre la rupture et le relâchement, entre le chaos et la clarté.
Un souffle pictural — tendu, noir, mais profondément humain.
200 x 80